La centrale nucléaire de Zaporijia risque-t-elle d'exploser en Ukraine ?

La centrale nucléaire de Zaporijia risque-t-elle d'exploser en Ukraine ? Les menaces d'un accident nucléaire à la centrale de Zaporijia sont réelles et même grandissantes selon l'AIEA qui tire la sonnette d'alarme...

"Nous nous approchons dangereusement d'un accident nucléaire". La menace qui pèse sur la centrale nucléaire de Zaporijia, en Ukraine, est bien réelle et surtout elle est de plus en plus importante à en croire Rafael Grossi, le patron de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Interrogé le lundi 15 avril en marge d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU consacrée à la situation près de la plus grande centrale d'Europe, le responsable de l'agence a tenu un discours d'alerte sinon alarmiste.

La semaine précédente, Rafael Grossi avait déjà signalé les récentes attaques observées près de Zaporijia le 7 avril qui étaient les "premières à cibler directement la centrale nucléaire" depuis novembre 2022, date du début de l'occupation des lieux par la Russie. Une nouveauté qui nous a "fait entrer dans une phase cruciale du conflit".

Les attaques menées contre des cibles aux abords de la centrale et désormais contre la centrale elle-même "doivent cesser immédiatement" a ordonné le patron de l'AIEA face à l'ONU. Un message adressé aussi bien à la Russie qu'à l'Ukraine puisqu'il est "tout simplement impossible d'identifier le pays responsable" de ces "attaques irréfléchies".

La sécurité de la centrale nucléaire "déjà compromise"

Le pire a été évité avec les récentes attaques qui ont précisément ciblé la centrale de Zaporijia selon Rafael Grossi. "Bien qu'heureusement elles n'aient pas provoqué d'incident radiologique cette fois-ci, elles ont largement augmenté le risque à la centrale de Zaporijia", a-t-il indiqué. Le responsable a insisté au passage sur le fait que les prochaines frappes pourraient avoir des conséquences plus dramatiques alors que "la sûreté nucléaire [des lieux] est déjà compromise".

Ces attaques qui ont "atteint avec succès la structure de confinement d'un réacteur" créent d'ailleurs un "dangereux précédent" selon les experts qui entourent le patron de l'AIEA. Après deux ans de guerre, la centrale nucléaire de Zaporijia présente plus de risques d'incident nucléaire, puisque "les sept piliers de l'AIEA sur la sécurité et de la sûreté nucléaires ont été compromis". Les conclusions de ces experts sont donc sans appel : "les dangers potentiels d'un accident nucléaire majeur restent bien réels".

"Il n'y a aucune possibilité que des réacteurs explosent"

Un des prédécesseurs de Rafael Grossi à la tête de l'AIEA, Robert E. Kelley, a également dénoncé la "folie" consistant à attaquer la centrale nucléaire auprès d'Euronews. Mais selon cet ancien scientifique du laboratoire national de Los Alamos au Nouveau-Mexique, "il n'y a aucune possibilité que des réacteurs explosent" après des attaques de ce type qui n'ont "pas d'implications en termes de sécurité. L'AIEA n'a, malgré ses nombreuses mises en garde, observé aucun "dommage aux systèmes critiques de sûreté ou de sécurité nucléaires du site" depuis la dernière attaque du 7 avril.

Si le spécialiste écarte le risque d'explosion, c'est grâce au fonctionnement de la centrale nucléaire de Zaporijia et son état actuel. Un des principaux risques que court la centrale est celui d'une panne d'alimentation en électricité qui empêcherait le refroidissement des réacteurs. Mais de précédentes pannes d'alimentation ont touché la zone, sans que cela n'affecte la centrale de Zaporijia, laquelle est alimentée en électricité par la centrale à charbon voisine ou des générateurs diesel. La décision a également été prise de mettre à l'arrêt l'ensemble des réacteurs de Zaporijia, comme l'a rappelé Rafael Grossi, ce qui réduit le risque d'explosion. Reste que l'explosion n'est qu'une option parmi tous les accidents nucléaires comme des fuites radiologiques ou des incidents sur un réacteur ou partie de ce dernier, dont certains sont bien possibles selon l'AIEA.